Concessions
Il y a décidément quelque chose de changé dans le monde syndical. Officiellement, nous sommes dans un bras de fer. Le gouvernement annonce des concessions jugées mineures ; les syndicats appellent à une mobilisation plus forte. Ils prévoient une nouvelle manifestation nationale, appuyée par une grève d’une journée. Mais, en fait, la négociation continue. Etrange négociation, sans discussions directes ni contacts à ciel ouvert. Mais négociation tout de même. Pour dramatiser l’affrontement, en effet, il eût fallu appeler à une nouvelle marche très tôt, en comptant sur une montée en puissance spectaculaire. La majorité des organisations, CGT et CFDT en tête, ne l’ont pas voulu. On attendra donc la fin de la première partie du débat parlementaire pour défiler. Tout se passe comme si Bernard Thibault et François Chérèque jugeaient impossible une défaite du gouvernement en rase campagne. Nicolas Sarkozy y laisserait toute chance de réélection ; l’opinion, si elle juge injuste la réforme en cours, estime qu’on ne peut laisser en l’état le système de retraites. Dès lors, il s’agit d’obtenir des concessions - aussi substantielles que possible, mais néanmoins partielles - et non le retrait du projet, demandé seulement par une minorité. Par des voies indirectes - et bien françaises - sous le couvert d’un langage qui reste rude, un syndicalisme de négociation se substitue progressivement au syndicalisme de protestation.
Edito de L Joffrin dans Liberation
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